Slocum et moi est un film d’animation de 2024. Un narrateur nous raconte l’histoire de sa famille, qu’il dessine et que l’on verra ensuite animée. L’apparence fait très dessin en effet, on perçoit comme les traits de la mine du crayon dans les couleurs, même si on sent que les choses sont animés en 3D. Le rythme est plutôt lent. François lit parfois un récit de Joshua Slocum, il y aura des petits morceaux de cette histoire qui reviendra plusieurs fois en parallèle de ce qu’il vit. Moment imaginé où on voit le bateau avancer entre les maisons du village. Un petit retour en arrière.
MESSAGES
Voyage
On n’a pas besoin de quitter son jardin pour pouvoir voyager. Ici une famille qui construit un bateau va pouvoir se projeter dans l’avenir, va pouvoir fonctionner ensemble. Un bateau c’est une ouverture sur le monde, aussi à travers des récits des voyages des autres. Le voyage intérieur va combler la famille, le véritable voyageur de l’histoire est plutôt l’oncle de François, qui finit sur la route pas forcément heureux.
Famille
Une vie de famille dans les années 50. On voit que l’enfant de la famille se demande comment se sont rencontrés ses parents. Éducation. Après une bêtise, la mère doit expliquer au père que l’on ne donne pas de coup à l’enfant (on sent le père contenir ses émotions). Adoption. François va apprendre à 11 ans qu’il a un père biologique, qu’il n’est pas le fils de celui qu’il considère pourtant comme son père. Relation au père. Si les deux parents s’entendent bien et que la mère s’entend aussi bien avec son fils, François n’est pas très en lien avec son papa qu’il sent distant. Pourtant leur relation se construit, ce père va être rassuré et comprendre que son fils le considère comme son unique père. C’est un père qui parle peu. Importance des moments de complicité. Autonomie. On comprend que l’enfant grandit et qu’il n’est plus intéressé par ce que font les parents. Début des premiers amours puis des études qui nous envoie au loin. Quand l’enfant n’est plus là, le voyage se pense autrement pour les parents qui vont construire un plus petit bateau (la vente du bateau qu’il avait construit avec ses parents n’est pas un souci pour lui, il vit sa propre histoire).
Temporalité
Le temps passe, lentement, mais on voit grandir François. Contemplation. On peut regarder les choses et ressentir, sans avoir besoin de toujours agir. On peut agir pour la beauté de la construction sans avoir besoin d’une finalité autre que la chose soit en construction.
Consommation
Il y a une certaine critique de la consommation. On voit bien que dans l’après-guerre les grands magasins vont happer les gens, on voit qu’il y a des magazines qui proposent de nouvelles choses. On va surtout découvrir où se trouvent les choses importantes de la vie, dans les relations ou les ressentis. Si une famille se construit son bateau, ce n’est finalement pas pour le posséder, il leur aura permis de se donner une contenance et un sens à la vie.
Réaliser son rêve
Un film intéressant sur la question des choses que l’on souhaite réaliser, comme si c’était le chemin accompli qui comptait et non pas la réalisation finale.
Slocum et moi
Bateau
Les parents de François fabriquent dans le jardin un bateau, la réplique du voilier Joshua Slocum (le premier tour du monde à la voile en solitaire, on va suivre en parallèle du récit de la famille quelques moments de cette aventure). Ce projet de construction deviendra celui de la famille, même l’enfant de la famille va s’intéresser au bateau, puis l’oncle. Littérature. Tout le long du film, François lit les aventures de cet aventurier. Mer. On le voit sur l’océan.
Nature
Si on nous la montre tranquille, on peut aussi la découvrir violente, avec des tempêtes, de grosses vagues, une crue impressionnante qui submerge des habitations.
Historique
On découvre les années 50-55. On perçoit que c’est l’après-guerre, avec le rationnement, l’envie de tout recommencer.
Secret de famille
Les parents de François parlent en secret. La mère de François lui explique qu’il a un père biologique et qu’il souhaite le revoir (il ne verra qu’une fois dans sa vie). Se décentrer. Quand un enfant commence à percevoir qui sont ses parents. Avec le temps on apprend des choses sur ses parents.
Bricoleur
Le père est un bricoleur, il fabrique plein de choses, et se met finalement à construire un bateau. Son fils se sent maladroit, n’est pas à l’aise avec tout ça. Un projet sur la durée, avec toute la famille qui participe, même l’oncle revenu de l’étranger. Projet. Un projet a un sens tant qu’il se construit. On voit bien que ce n’est pas si facile de se projeter sur la fin d’une histoire (le père semble améliorer sa construction, n’hésitant pas à faire durer le projet).
Dessin
François se montre un bon dessinateur, son père est surpris. Il va s’orienter dans une profession artistique.
Autobiographie
On va ici plonger dans l’enfance du réalisateur Jean-François Laguionie.
Slocum et moi
SCÈNES DIFFICILES
Mises en danger
Joshua Slocum dit être entouré de pirates, on craint qu’il soit rattrapé, les hommes le guettent, grosses vagues et gros vent qui endommagent le bateau de l’aventurier, on le croit perdu, mais les pirates aussi se retrouvent avec un navire endommagé. Tempête où Joshua Slocum se rapproche beaucoup de récif. François va lire dans le bateau, il va déclencher un incendie sans faire exprès, son père lui donne une gifle.
Malaise
François se relève et va fouiller dans le bureau de son père pour découvrir ce que font ses parents, sa mère le découvre. Dans sa lettre François parle de véritable père, cela touche son père adoptif qui se blesse. François décide de sécher l’école pour aller voir un musée où il y a des bateaux, il aurait bien voulu toucher la proue en forme de femme, mais un gardien le regarde. On voit que c’est compliqué pour François d’aider son père à la construction du bateau, il ne maitrise pas les outils. François se fait prendre par la police dans un magasin où il commet un vol, on craint la réaction de son père, mais celui-ci va lui acheter le livre qu’il avait volé. Effet d’orage, on voit que le père est inquiet pour le bateau, en parallèle on nous montre le voyage de Joshua Slocum où le navigateur se retrouve avec une voile qui s’est détachée, il doit dangereusement monter sur la proue pour la récupérer, en parallèle les parents tentent de protéger leur bateau en construction avec une voile. La famille va voir des crues, on voit des habitations submergées. Les deux enfants en vadrouilles sur une île découvrent le cadavre d’un homme qui flotte et s’accroche au bord du rivage, ils ne préviennent personne et le font partir plus loin. Le bateau construit par une autre personne coule lorsqu’il est mis à l’eau. François suit son père en pleine nuit, l’observant dans la nuit. Joshua Slocum découvre de nombreux bateaux échoués, on verra un calamar géant en tirer un dans le fond de l’océan. La mère et François retrouvent l’oncle Jean sur la route, on voit qu’il a reçu un coup, il a décidé de repartir. Le père décide de refaire le pont, il détruit l’ancien, puis il montre un dessin à son enfant lui expliquant qu’ainsi il pourra avoir un espace plus grand pour lui (c’est certainement cela qui a créé une tension entre les deux frères). On retrouve le père bien amoché dans le jardin.
Santé
Cigarette. Le père de François fume toujours une cigarette.
VOCABULAIRE
Classique (mais on peut entendre un nom de dieu de bordel de merde, tu déconnes, merde alors).
Un film qui parle de la relation aux parents, de la relation avec un père lorsque l’on est adopté. Un film qui parle du sens de la vie. Le film n’a pas de contre-indication, un tout petit peut regarder le film, mais pour le saisir et l’apprécier, mieux vaut avoir 8 ans.